Le Lys et le Lion
Polyphonies des royaumes de France et d'Angleterre
Au XIVe siècle, dans les deux plus puissants royaumes d’Europe, la France et l’Angleterre, la création artistique n’a jamais été aussi riche. Les compositeurs lèguent pour la première fois leurs œuvres et leurs noms à la postérité, renouvelant les formes d’expression musicale à un degré de créativité et de complexité jamais encore atteint. En France, Le Roman de Fauvel, dont plusieurs pièces de ce disque sont extraites, est l’un des premiers témoignages d’une création artistique littéraire, picturale et musicale contestataire. Les compositeurs anglais, quant à eux, nous touchent par l’immédiate beauté qui se dégage de leurs œuvres.
Stephan Olry, tenor
Jean-Paul Rigaud, baryton, Viele à archet
Julien Reynaud, baryton
Renaud Bres, baryton-basse
Photo
CD - Ad Vitam Records
Extrait
Critiques
On a tellement l’habitude – si l’on peut parler d’habitude dans ce répertoire vieux de quelque sept siècles – d’entendre les monodies et polyphonies du Moyen Âge dans des atmosphères de cathédrales, avec des échos sensés conférer une sorte de vénérabilité religieuse, qu’on en oublierait que ces pièces s’en tendaient dans des petites chapelles pour les unes, dans des lieux privés de taille modeste pour d’autres.
D’où le grand intérêt de l’enregistrement proposé par l’Ensemble Beatus de ne faire appel à aucun écho, aucune réverbération (naturelle ou, souvent, rajoutée au montage...), pour nous offrir ces chefs-d’œuvre du XIVe siècle dans leur pureté sonore absolue.
Si la majorité des morceaux restera à jamais anonyme – on n’avait pas encore l’habitude de signer, et en ce temps, qu’était-ce qu’un nom hormis un prénom suivi un éventuel surnom précisant le lieu, l’apparence physique, le caractère ou le métier ? Pas d’Etat civil... – il s’en trouve quand même l’un ou l’autre orné du nom de Philippe de Vitry ou Jehan de Lescurel, deux musiciens – évêque pour l’un, troubadour pour l’autre.
De nombreux morceaux se sont retrouvés rassemblés d
ans le célèbre manuscrit Roman de Fauvel, écrit par plusieurs auteurs et clercs aux alentours de 1315 (l’année, tout le monde le sait, du sacre de Louis X Le Hutin), et dans lequel sont notées plusieurs chansons avec leurs musiques respectives. Anonymes pour la plupart...
L’Ensemble Beatus a décidé de mettre en parallèle les compositions françaises de l’époque, annonciatrices déjà du genre de l’Ars Nova, et quelques pièces anglaises contemporaines, encore plus sages et influencées par l’Ecole de Notre-Dame déjà vieille d’un siècle.
Magnifique enregistrement, qui changera le mélomane des sempiternelles resucées de service