De lamentazione : l'exploration des Lamentations de la fin du Moyen Age à la Renaissance
Le nouveau programme de l’Ensemble Beatus mélange temps sacrés et temps profanes. L’office de la Semaine Sainte est l’axe de la partie religieuse. En son cœur figurent des extraits des somptueux répons polyphoniques Tenebrae Responsoria composées et publiées par l’illustre Don Carlo Gesualdo en 1612. Tenebrae est le nom donné à l’office des Vigiles et des Laudes des Jeudi, Vendredi et Samedi Saints précédant Pâques.
A l’origine, selon une organisation en trois nocturnes de chacune des trois leçons, on lisait chaque jour en première partie les Lamentations de Jérémie, en seconde, Saint- Augustin et en troisième Saint-Paul. Ce sont surtout les Lamentations de Jérémie (Ancien Testament), écrites peu après la destruction de Jérusalem vers 587 qui ont marqué cet office.
Le chant Grégorien a naturellement sa place dans ce programme avec le répertoire du plain-chant consacré au même office dans différentes traditions. Le répons Collegerunt Pontifices qui met en scène la condamnation du Christ par le grand prêtre Caîphe en fait partie : véritable tour de force narratif, son style nous rappelle celui du répertoire du drame liturgique.
La partie profane de ce concert s’articule autour d’un genre particulièrement riche durant la période carolingienne : le planctus. C’est dans les manuscrits de l’abbaye St Martial de Limoges que se trouvent les premiers témoignages de ce chant. Lointain héritage du thrène de la Grèce antique, le sujet en est le plus souvent la perte d’un ami ou d’un protecteur.
Le plus ancien, le Planctus cygni prend la forme d’une simple séquence dont la mélodie date du IXe siècle. Le planctus est repris par les troubadours sous le terme occitan de planh dans une forme strophique. Le planh Fortz chauza es que tot lo major dan de Gaucelm Faidit (1150-1220) déplorant la mort de Richard Cœur de lion en est l’exemple le plus célèbre.
Le programme alterne donc entre polyphonies et plain-chant, du Xe au XXe siècle sur le thème des lamentations avec quelques pauses, quelques couleurs plus lumineuses extraites du répertoire de l’Ecole Notre Dame ainsi que deux compositions originales, Tu Fortunam et Haec Nostra inspirées de ce même répertoire.
Ensemble Beatus :
Esther Labourdette
Marion Delcourt
Jean-Paul Rigaud
Erwan Picquet
Renaud Brés
Stephan Olry
Photo
Ensemble Beatus - Jean-Paul Rigaud © Raven Digital
Extrait
Ensemble Beatus - Jean-Paul Rigaud